Dans le domaine de la peinture représentative, comment peut-on communiquer un sens émotionnel spécifique, un sens qui dépasse les constructions du langage ?
La recherche de sens émotionnel se rapporte à dépeindre ce qui se situe entre ou avant le langage : en choisissant des images que je ne peux pas comprendre visuellement, des images qui évoquent la confusion et la désorientation, je cherche une atmosphère plutôt que du volume et un effet plutôt que la description.
Le filmique, tel que défini par Barthes, se situe entre le langage et le métalangage et se trouve en dehors du récit et du symbolisme d'un film. Il est représenté par un fragment coupé indépendant mais inséparable de l'œuvre entière, détaché du temps et du contexte : l'image fixe du film. La nature du filmique rappelle ce qui entrave la description des émotions humaines les plus extrêmes sur le plan linguistique. On peut tenter de décrire ses sentiments en mots, mais ces tentatives diminuent souvent la sincérité de l'émotion.
En raison de mon attraction pour ce troisième sens ineffable, je choisis et imprime des images fixes de films. Le processus d'impression, en particulier avec ses irrégularités et dysfonctionnements, crée un nouveau sujet : un simulacre. Grâce au transfert sur papier, l'original est encore plus éloigné de son contexte initial et devient un objet soumis aux forces externes du monde matériel. Les taches, plis et déchirures occasionnels accumulés avec le temps, au lieu d'être des imperfections, agissent comme des signifiants subtils d'une couche de sens supplémentaire, obscurcissant simultanément l'original et rétablissant la temporalité de l'image fixe.
Plutôt que de tenter de représenter la source à partir de laquelle la copie est dérivée, mon intérêt réside dans le travail avec l'image en tant qu'objet. En travaillant à travers plusieurs impressions, chacune légèrement différente, une chaîne de réplication se reflète dans le processus et le produit. Cette méthode d'impression d'une composition d'images, dans la même veine qu'une nature morte traditionnelle, est une partie de mon processus qui fonctionne comme une routine structurée qui me décharge de mon rôle tout en peignant. Un autre aspect qui s'inscrit dans cet ordre est la tâche de fabriquer la peinture à partir de pigments en poudre, restant assez fidèle à la palette de couleurs imprimées. Créer cet environnement contrôlé permet à la conscience de jouer uniquement lorsqu'il est temps de s'occuper de l'application de la peinture elle-même.